Introduction
Le Maroc est sur le point de franchir un nouveau cap dans sa transformation digitale. L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) vient d’annoncer une mesure historique : le partage obligatoire des infrastructures de fibre optique entre opérateurs.
Une décision qui s’inscrit dans la continuité du plan Maroc Digital 2030, et qui vise à démocratiser l’accès à un internet plus rapide, plus stable et moins coûteux sur l’ensemble du territoire.
Derrière cette initiative se cache une ambition claire : accélérer la transition numérique du Maroc et en faire un leader africain de la connectivité. Mais que signifie réellement cette mesure, et comment va-t-elle transformer le paysage numérique national ?
1. Le contexte : un Maroc en quête d’inclusion digitale
1.1. Un besoin croissant de connectivité
Depuis la pandémie, la demande en internet haut débit n’a cessé de croître. Télétravail, e-learning, e-commerce, cloud computing, streaming… la société marocaine s’est digitalisée à une vitesse record.
Les infrastructures, en revanche, peinaient parfois à suivre, notamment dans les zones rurales et périurbaines.
Aujourd’hui, seuls 60 % des foyers urbains ont accès à la fibre optique, contre moins de 15 % en milieu rural. Ce déséquilibre crée une fracture numérique que l’ANRT souhaite réduire.
1.2. Le rôle central de la fibre optique
La fibre est le cœur du futur numérique marocain. Contrairement à l’ADSL ou à la 4G, elle permet une vitesse de connexion ultra-rapide et une latence minimale, essentielles pour le bon fonctionnement des entreprises, des services publics et des foyers connectés.
Mais son déploiement restait jusqu’à présent concentré entre quelques grands opérateurs, freinant la concurrence et la couverture nationale.
2. L’annonce de l’ANRT : une réforme structurelle
2.1. Le principe du partage obligatoire
En 2025, l’ANRT a officialisé une nouvelle régulation imposant à tous les opérateurs d’ouvrir l’accès à leurs réseaux de fibre optique aux concurrents, sous un cadre contractuel défini et encadré.
Concrètement, cela signifie qu’un opérateur déjà implanté dans une zone devra permettre à d’autres acteurs d’utiliser les mêmes infrastructures (poteaux, fourreaux, câbles, fibres) sans devoir reconstruire un réseau parallèle.
2.2. Objectifs de la réforme
Cette mesure vise plusieurs objectifs :
Accélérer le déploiement national de la fibre optique.
Réduire les coûts d’investissement pour les nouveaux acteurs.
Stimuler la concurrence, et donc la qualité de service et les prix pour les consommateurs.
Éviter les doublons d’infrastructures, coûteux et inefficaces.
L’ANRT justifie cette décision par la volonté de bâtir un écosystème numérique inclusif et compétitif, au service de la transformation digitale du Maroc.
2.3. Une décision alignée sur les standards internationaux
Des pays comme la France, l’Espagne ou le Royaume-Uni appliquent déjà le principe du partage d’infrastructure. Le Maroc rejoint ainsi une dynamique mondiale où la mutualisation devient un levier de performance pour l’économie numérique.
3. Les bénéfices attendus pour le Maroc
3.1. Un internet plus rapide, partout
L’un des premiers effets attendus de cette mesure est une augmentation significative de la vitesse moyenne d’internet sur l’ensemble du territoire.
Grâce à la mutualisation, les opérateurs pourront se concentrer sur la qualité du service et l’amélioration de la bande passante, plutôt que sur la construction d’infrastructures redondantes.
3.2. Une démocratisation de la fibre
Le partage des infrastructures permettra aux opérateurs de pénétrer de nouvelles zones géographiques, notamment rurales ou montagneuses, jusque-là non rentables à desservir individuellement.
Cela représente un pas majeur vers une inclusion numérique totale, en ligne avec les objectifs du Maroc Digital 2030.
3.3. Une réduction des coûts pour les consommateurs
En stimulant la concurrence, cette mesure devrait tirer les prix vers le bas.
Plus de fournisseurs = plus de compétitivité = des offres internet plus accessibles, tant pour les particuliers que pour les entreprises.
3.4. Un levier pour l’économie nationale
L’accès généralisé à un internet rapide et fiable soutiendra plusieurs piliers de l’économie :
Le e-commerce, déjà en forte croissance.
L’éducation digitale et la formation en ligne.
L’administration connectée (e-gov).
Les startups technologiques et les PME innovantes.
En somme, une infrastructure numérique performante devient un accélérateur de productivité et d’innovation pour tout le pays.
4. Les implications pour les entreprises et les opérateurs
4.1. Pour les opérateurs historiques : un changement de paradigme
Les acteurs déjà installés — notamment Maroc Telecom, Inwi et Orange Maroc — devront adapter leur modèle économique.
S’ils perdent une partie du contrôle exclusif de leurs réseaux, ils bénéficieront aussi de nouvelles sources de revenus grâce à la location d’accès à d’autres opérateurs.
Cette ouverture représente donc autant une contrainte qu’une opportunité.
4.2. Pour les nouveaux entrants : une chance à saisir
Les nouveaux opérateurs, fournisseurs d’accès ou startups du numérique pourront désormais lancer leurs offres plus facilement, sans devoir investir massivement dans la construction d’un réseau.
Cela favorisera l’émergence d’acteurs marocains spécialisés dans les services à valeur ajoutée : hébergement cloud, cybersécurité, IoT, solutions B2B connectées…
4.3. Pour les entreprises marocaines : un gain de compétitivité
Les entreprises profiteront directement de connexions plus rapides, stables et abordables.
Pour les industries du digital (agences, e-commerce, fintech, médias en ligne), cette évolution est synonyme de meilleure expérience client et de productivité accrue.
5. Les défis à surmonter
5.1. Harmonisation des infrastructures
Le partage de la fibre exige une interopérabilité technique entre réseaux, ce qui nécessite des normes communes et une coordination étroite entre opérateurs.
5.2. Régulation et équité d’accès
L’ANRT devra veiller à ce que les conditions d’accès soient justes et transparentes, pour éviter toute discrimination entre acteurs.
Des mécanismes de tarification équitable seront essentiels pour maintenir un marché sain.
5.3. Sécurité et souveraineté numérique
Qui dit partage d’infrastructure dit aussi risques potentiels en matière de sécurité des données et de cybersurveillance.
Le Maroc devra donc renforcer ses dispositifs de cybersécurité et de conformité pour protéger les utilisateurs tout en favorisant la connectivité.
6. Une étape clé vers la vision “Maroc Digital 2030”
6.1. Une politique numérique cohérente
Cette réforme s’inscrit dans la continuité du plan Maroc Digital 2030, qui vise à :
Connecter 100 % des établissements publics et entreprises à la fibre.
Développer une administration numérique fluide et interconnectée.
Accélérer la transition vers une économie digitale compétitive.
6.2. Un alignement avec les ambitions africaines
Le Maroc ambitionne de devenir un hub technologique africain.
L’ouverture du réseau fibre va renforcer son attractivité pour les investisseurs étrangers, les entreprises IT et les incubateurs d’innovation régionaux.
6.3. Un impact direct sur la vie quotidienne
Des foyers mieux connectés, des écoles digitales, des hôpitaux interconnectés, des zones rurales désenclavées : la fibre partagée ouvre la voie à un Maroc plus connecté, inclusif et intelligent.
Conclusion
L’annonce du partage obligatoire des infrastructures de fibre optique marque une révolution silencieuse mais décisive dans l’histoire numérique du Maroc.
Elle ouvre la voie à un internet plus rapide, plus accessible et plus inclusif — un pilier essentiel du développement économique et social du pays.
Grâce à cette mesure, le Maroc confirme sa vision : bâtir une société connectée, compétitive et souveraine, prête à affronter les défis du futur digital.